Le 24 décembre 1994 à Alger, un commando islamiste de quatre terroristes prend le contrôle du vol AF 8969 à destination de Paris. Sur le sol algérien, les pirates de l’air exécutent 3 otages. 

C’est le début d’une crise majeure… en particulier pour les hommes du GIGN et leur chef, Denis Favier, âgé de 35 ans à l’époque.

Son sang-froid, son calme et son efficacité dans la gestion de cette crise, ont permis de mettre fin au détournement, conduisant à la libération des otages. L’opération a marqué les esprits, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes réussites du GIGN.


Dans sa Master Class exclusive, Denis Favier vous transmet des enseignements exceptionnels, tirés de son expérience, pour vous apprendre à affronter toutes les crises avec les qualités d’un leader.

À 11h50 le 24 décembre, Denis Favier, qui s’apprête à fêter Noël, décroche son téléphone. Une prise d’otage est en cours dans un avion de ligne de la compagnie Air France. L’airbus est toujours sur le tarmac de l’aéroport d’Alger. Il y a 4 preneurs d’otages et 225 passagers. La moitié des effectifs du GIGN, en permission en cette veille de Noël, est rappelée en urgence. À Paris, une cellule de crise est montée. 

À 14h, les terroristes exécutent un premier otage face « au refus des autorités algériennes de coopérer ». Celles-ci ne souhaitant pas l’intervention des gendarmes d’élite français sur leur sol, Denis Favier reçoit l’ordre d’envoyer ses hommes à Majorque, une île entre l’Algérie et la France.

Pour les gendarmes, la piraterie dans un avion est l’un des pires cas de figure. « Un avion est comme un tube à travers lequel il est difficile de distinguer les passagers des preneurs d'otages, résume Denis Favier dans un entretien accordé au Figaro. C'est un univers clos, bourré de kérosène. D'emblée, on envisage le scénario catastrophe, quelque chose qui aurait préfiguré celui du 11 septembre 2001… ».

Toute la journée du 25 décembre, les négociations avec les autorités algériennes ne mènent nulle part et s’enlisent. Un deuxième otage est exécuté, puis un troisième. À 21h30, les terroristes menacent de tuer un passager toutes les demi-heures s’ils n’obtiennent pas l’autorisation de décoller. Face à l’inefficacité des négociations, le gouvernement français fait pression aux autorités algériennes pour permettre à l’avion de décoller, évitant ainsi de justesse le scénario catastrophique. 

À 2h07, l’avion quitte le tarmac d’Alger et s’envole vers la France. Prétextant une réserve trop faible de carburant, l’équipage parvient à convaincre les terroristes de faire escale à Marseille. « Nous leur avons dit que l'on ne pourrait pas aller plus loin que Marseille, explique le copilote Jean-Paul Borderie. Ce qui était faux, mais ils l'ont cru. Pour nous, il n'y avait qu'une priorité : quitter l'Algérie. » De son côté, le commando du GIGN a déjà quitté Majorque et se pose à l’aéroport de Marignane, à Marseille. En attendant l’arrivée du vol AF 8969, après validation du plan d’assaut, l’équipe s’entraîne sur un avion similaire à l’A300, mis à disposition par Air France. Ils répètent les méthodes qu’ils connaissent par cœur à force d’entraînement, reprennent leurs repères en séquence lente, puis effectuent des répétitions en cadence rapide avec les équipements de 25 kilos.


À son arrivée à Marignane, l’avion est aussitôt affecté à un emplacement qui offre une très bonne visibilité. Tous les vols sont annulés, l’aéroport est fermé jusqu’à nouvel ordre.

Après un silence radio de 2h30, les pirates reprennent contact et exigent un ravitaillement nécessaire pour rejoindre Paris. Ils affirment vouloir y tenir une conférence de presse, ce à quoi les autorités répondent qu’une conférence peut être organisée à Marseille. Les terroristes acceptent la tenue d’une conférence de presse dans l’avion. Objectifs : gagner du temps et augmenter la fatigue du commando islamiste.

Les preneurs d’otages affirment s’apprêter à exécuter des otages s’ils n’obtiennent pas de carburant pour rejoindre Paris. Denis Favier, qui a reçu l’ordre de ne pas laisser l’avion décoller, s’engage alors dans des négociations acharnées, où les ultimatums des pirates sont désamorcés un par un.

À 17h12, Denis Favier donne enfin le top action. Après des heures et des heures d’attente et de diplomatie, il faut mettre un terme à l’action folle des terroristes. Le commandant Favier a choisi ce moment pour intervenir. Trois passerelles mobiles, comprenant les équipes d’intervention, sont immédiatement acheminées vers l’appareil. Le premier groupe de 8 hommes arrive à la porte avant droite. Parmi eux, Denis Favier, entrera en sixième position dans l'appareil. Le temps joue, des vies sont en jeu. Chacun entre dans sa bulle, suit la discipline et reste concentré sur l’objectif fixé : neutraliser le cockpit, où se sont retranchés les terroristes. Ces derniers ouvrent le feu, quatre hommes de Favier sont touchés. Pendant que le combat se durcit à l’avant de l’appareil, les deux autres groupes de gendarmes atteignent les portes arrière. Sans rencontrer aucune résistance, ils font sortir les passagers de l’avion, qui sont immédiatement pris en charge au sol par un détachement de l'Escadron parachutiste d'intervention de la gendarmerie nationale (EPIGN). 

L’assaut dure 16 minutes. À 17h20, le commandant de bord annonce que les terroristes ont tous été tués. Dix gendarmes sont blessés. Tous les otages sont vivants, ce qui tient du miracle au vu de la violence de l’assaut.

Au terme de 54 heures d’une attente interminable, et après d’intenses négociations, le GIGN a mené un assaut historique, qui reste aujourd’hui une opération antiterroriste des plus emblématiques. 

Une intervention à l’image de son commandant, Denis Favier, selon un de ses coéquipiers de l’époque, qui le décrit comme « un gars courageux qui reste dans toutes les situations aux côtés de ses troupes. »



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